"Lo pagel es fin,
n'a de grossièr que l'abit..."

vendredi 3 octobre 2014

L’occupation humaine à partir du XIIème siècle





A partir du XIème siècle,  avec l’augmentation de la population  le prénom ne suffira plus pour identifier une personne ;  le surnom deviendra un nom patronymique qui se transmettra de père en fils. On identifie assez aisément les patronymes originaires du plateau : Haon, Breysse, Chareyre, Charre, Ceysson, Issartel, Tauleigne, etc. Toujours présents sur le plateau  aujourd'hui encore, ils montrent la forte sédentarisation de la population au cours du second millénaire.
 
Le développement démographique prend un nouvel élan au XIIème siècle avec la fondation  des abbayes de la montagne, auxquelles les seigneurs laïcs cèdent de vastes espaces. La période qui va suivre sera marquée par le défrichage et la mise en culture des domaines de Mazan et de Bonnefoy mais aussi d’Aiguebelle en Tricastin qui dispose de vastes  territoires sur le plateau. 
A cette époque, le pays était encore couvert de vastes forêts de feuillus (hêtres principalement) ; la tradition orale rapporte que dans les temps anciens on allait du Pal au Béage sans voir le soleil… 
On défriche, on épierre, de grands domaines fermiers dispersés dans le paysage voient rapidement le jour. Les seigneurs, qu'ils soient laïcs ou religieux veilleront toutefois à conserver un espace forestier qui sera enrichi de sapins. A la Révolution, les plus belles forêts seront intégrées aux domaines de l'état.
Jusqu'au 19ème siècle, hormis les villages réputés pour leurs foires, comme Saint-Cirgues, ou ceux situés sur les grands chemins de communication où les muletiers font étape, comme Le Béage, le cœur des bourgs ne comporte que quelques rares maisons.



Sainte Eulalie au début du 19ème siècle


On pratique l’élevage, on cultive des céréales, une part des pâturages est mise en estive. On vit en autarcie. Malgré un ralentissement lié aux troubles des XIV, XV et XVIème siècles, l’espace gagné sur la nature sauvage ne cessera de s’accroître au fil des siècles, parallèlement à l’augmentation de la population, pour atteindre un maximum à la fin du XIXème.



Fin 19ème l'espace défriché atteint son maximum. Ici terrasses aménagées sur un coteau aride.

... et le même coteau un siècle plus tard...




  A la fin du XIXème siècle, les grands domaines abbatiaux vendus comme biens nationaux pendant la révolution appartiennent à de riches propriétaires, qui la plupart du temps ne résident pas au pays ; ils sont affermés et côtoient une multitude  de petites exploitations.  Les gens les plus pauvres vivent, avec une chèvre comme seule ressource  dans une misérable chaumière construite sur un communal ; quand ce n’est pas dans une « baoumo » (grotte).



Habitation troglodyte en bordure du lac d'Issarlès




 Le déclin démographique débute au début du XXème siècle. On quitte la terre des ancêtres pour les vallées où s’égrènent les moulinages ; on sera ouvrier agricole dans le midi, mineur à Bessèges ou à Saint-Etienne, fonctionnaire à la ville…  
Au début des années 1950, le chantier de l’aménagement hydraulique de Montpezat  maintient un moment les hommes au pays. A son achèvement en 1954, la demande de main d’œuvre est partout hors du plateau ; on vit « Les trente glorieuses ». Les pagels réputés vaillants et infatigables au travail sont particulièrement recherchés. 
Après avoir touché la « paye du chantier », les jeunes ne tardent pas à comprendre qu’ils gagneront plus « en bas » qu’en retournant à la chaumière familiale, où l’on s’éclaire encore à la lampe à pétrole.




Redistribution géographique des populations par l'exode rural :
1) Origine patronymique et sédentarisation sur la montagne jusqu'au 19ème siècle (périmètre Borée-Le Chambon-St Cirgues-Coucouron)
2) Descente dans les vallées industrialisées, les bassins miniers et les villes au cours du 20ème siècle



Au cours du 20ème siècle, l’exode rural a eu un impact considérable sur le paysage ; de nombreuses fermes abandonnées tombent en ruine, les parcelles laborieusement défrichées, épierrées, irriguées et soigneusement entretenues se reboisent, les chemins se ferment… pour l’observateur, tout se passe comme si l’on remontait le temps…


Les pierres amoncelées en rang lors de l'épierrage d'un terrain matérialisent les limites de parcelles ; ci-dessous paysage près des Estables :



Près des Estables



Quand vient l'abandon :


Bois et Grande Berce colonisent cet ancien pâturage




 Aujourd'hui, l’élevage sur les prairies d’altitude reste un atout pour le pays, et c’est toujours la principale activité économique du plateau, cependant le nombre d’exploitations tend toujours à diminuer.  



Lexique occitan-français



Occitan
Phonétique
Français



Balma, bauma
Baoumo
Grotte, caverne

2 commentaires:

  1. Impressionnant, le plateau se vide de ses habitants et les landes et bois l’envahissent ! Le témoignage sur La Palisse est édifiant.

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    1. Oui, c'est bien sur La Palisse. Il faut avoir l'oeil pour le voir...
      C'est l'hiver, quand la neige fond que l'on distingue le mieux les anciennes terrasses.

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